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Pastille Climat #5 : Les scénarios climatiques.

Crédit illustration : Art from the series Environmental Graphiti® - The Art of Climate Change by Alisa Singer. https://www.environmentalgraphiti.org

Pastille Climat #5 :

« Par rapport à la période 1850-1900, la température moyenne à la surface du globe entre 2081 et 2100 sera très probablement supérieure de 1,0°C à 1,8°C, dans le scénario de très faibles émissions de gaz à effet de serre (SSP1-1.9), de 2,1 °C à 3,5 °C dans le scénario intermédiaire (SSP2-4.5) et de 3,3°C à 5,7°C dans le scénario d’émissions élevées (SSP5-8.5). La dernière fois que la température à la surface du globe a été maintenue à un niveau égal ou supérieur à 2.5°C, par rapport à la période 1850-1900, remonte à plus de trois millions d’années (fiabilité moyenne). » (GIEC, SPM, B.1.1)

 

Pour aller plus loin :

Scénario. SSP. Voilà qui pourrait passer pour un charabia acronymique comme l’administration et le monde de la start-up sait si bien le faire. Mais il n’en est rien.

 

Pour la peine, voilà. Un petit graphique tiré tout droit du rapport pour décideurs. C’est cadeau.

Émissions humaines annuelles de CO2 sur la période 2015-2100, à travers cinq scénarios représentatifs (adapté de GIEC, SPM.4)

 

Là, vous allez me dire que je vous arnaque. En effet, vos yeux affutés auront remarqué que ce schéma ne parle pas du tout d’évolution de température comme le mentionne la pastille, mais plutôt de concentration atmosphérique de CO2. Oui. Mais avant de m’envoyer un message d’insulte, vous remarquerez que ce graphique mentionne les « SSP ». Comme dans la pastille. Rassurés ? Parfait, enchaînons !

 

Pourquoi cette image, donc ? Déjà parce qu’à un certain stade, sans image, plus personne ne comprendra rien à une situation qui, déjà à la base, soyons honnêtes, n’est pas hyper limpide. Par ailleurs, ce graphique est nécessaire pour comprendre comment on estime les variations de température futures. Je m’explique :

 

Parlons peu, parlons SSP.

 

SSP, pour « Shared Socio-economic Pathway ». Littéralement « Trajectoire socio-économique partagée ». Les SSP décrivent des tendances plausibles d’évolutions de nos sociétés au cours du 21e siècle. Ces évolutions sont qualitatives et elles concernent, en vrac, les variations de population, de richesse, d’urbanisation, de développement technologique et humain. Elles sont classées en cinq catégories (qu’on retrouve sur le schéma ci-dessus, avec un impeccable respect du code couleur) :

SSP1 : coopération internationale, durabilité
SSP2 : poursuite des tendances actuelles
SSP3 : défragmentation et disparités régionales
SSP4 : grandes inégalités
SSP5 : croissance rapide, développement axé sur les énergies fossiles

 

Vous l’autre compris, le bleu, c’est cool, le rouge, c’est mauvais.

 

Ces trajectoires sociétales servent ensuite à alimenter des modèles (qu’on appelle modèles d’évaluation intégrés), lesquels vont proposer (entre autres), pour chaque SSP, des scénarios d’émissions de gaz à effet de serre. C’est la combinaison d’un SSPx et d’un scénario d’émission y qui donneront la dénomination finale qu’on peut voir sur le graphique, par exemple, SSP3-7.0.

 

Si vous êtes encore là, franchement, c’est gagné. Vous avez passé le plus dur. Le reste, c’est de la gnognotte.

 

Plein de scénarios possibles, mais seulement cinq élus.

 

Vous vous en doutez, il y a donc plein de combinaisons SSPx-y possibles. En pratique, on en représente cinq. Les cinq qui sont sur l’image.

 

J’en décris trois, vous comprendrez pourquoi :

SSP1-1.9 correspond à ce qu’on devrait suivre pour respecter les accords de Paris (la COP21) et conserver une température mondiale sous les 1,5°C.

SSP1-2.6 correspond à ce qu’on devrait suivre pour conserver une température mondiale sous les 2,0°C.

SSP2-4.5 correspond à la trajectoire prévue si on s’en tient aux promesses des états. Promesses qui, de plus, ne sont pas respectées.

 

Bref, vous l’aurez compris, on est encore assez loin du compte pour atteindre le fameux net zéro en 2050.

 

Point positif : désormais, vous êtes blindés pour affronter la suite. Car c’est à partir de ces scénarios-là qu’on va estimer plein de choses : les températures, le niveau des océans…



Sources :

IPCC, 2021: Summary for Policymakers. In: Climate Change 2021: The Physical Science Basis. Contribution of Working Group I to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change [Masson-Delmotte, V., P. Zhai, A. Pirani, S.L. Connors, C. Péan, S. Berger, N. Caud, Y. Chen, L. Goldfarb, M.I. Gomis, M. Huang, K. Leitzell, E. Lonnoy, J.B.R. Matthews, T.K. Maycock, T. Waterfield, O. Yelekçi, R. Yu, and B. Zhou (eds.)]. Cambridge University Press. In Press.

Frequently Asked Questions #9.3: https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/#FAQ

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